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All I want is to feel a bit || Ft. Seven

 :: Univers Alternatifs :: La mer de Berfel :: Lac Ephnil Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Lun 22 Jan - 10:46
Seven d'Aaravos
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Seven d'Aaravos

 
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L’odeur du poisson me fait tourner la tête instantanément. Je souris en apercevant Ash me rejoindre, une brochette à moitié en bouche et l’autre tendue vers moi. Ça tombe bien, je commençais justement à avoir la dalle. J’accepte le bâtonnet de poisson grillée et le croque à pleines dents. C’est un vrai régal.


“Il avait pas envie de rentrer…”

Dis-je, la bouche pleine. Où sont mes bonnes manières… Je crois ne les jamais avoir eu. Je lui lance un regard de biais et remarque son froncement de sourcils. Alors, je précise, car c’est vrai que ça n’a pas vraiment de sens au premier abord.


“Le chat.”

Je réalise qu’il n’en a peut-être rien à foutre, du chat… J’ai parfois tendance à oublier que tout le monde n’aime pas les animaux de la même façon que moi. Je songe nostalgiquement à cette nuit dans la montagne, avec pour seul compagnon, ce bébé panthère des neiges affamé. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas tout à fait ce qui s'est passé cette nuit, ni pourquoi l’esprit de la panthère a voulu me sauver la vie. Car c’est bien ce qu’il a fait, sans ce don, j’aurais crevé de faim. Je secoue la tête pour penser à autre chose. Ressasser cet événement est assez douloureux et mon épaule me suffit amplement pour le moment.


On a donc le reste de la journée à meubler ici. Je me demande ce qu’on pourrait bien faire pour passer le temps. Croutard sort de ma poche, l’air soudain très intéressé par ce que je mange. C’était à parier. J’arrache un petit morceau et lui tend en ricanant. Il manque presque de me bouffer les doigts et mon ricanement s’étouffe.


“Mais bordel, tu peux pas faire doucement ?”

Comme j’ai élevé la voix, il part se planquer chez Ash et lui monte sur l’épaule. À force, je vais finir par me demander si c’est bien mon familier ou le sien… Bestiole ingrate ! Je regarde autour de moi pour me distraire de la frimousse arrogante du rat qui me provoque ouvertement. La journée va être longue, si on ne trouve pas une occupation… L’ennui ne me va décidément pas du tout. Je me tourne vers l’eau et fixe la surface miroitante en me mâchant l’intérieur de la joue. Puis un morceau de bois pas trop pourri attire mon regard et un sourire se dessine sur mes lèvres. Je sors mon poignard, saute en bas de mon rocher et m’empare du bout de bois. Je le pèse et l’observe sous tous ses angles. Il fera parfaitement l’affaire. Je remonte sur mon rocher et m’applique silencieusement à tailler le bois avec mon vieux poignard. Je pense que le silence convient plutôt bien à Ash. Il semble même perdu dans ses pensées, c’est comme s’il vivait dans ses souvenirs tout le temps. Des regrets ? Des adieux qu’il aurait préférés éviter ? Peut-être qu’il ne veut pas en parler en final. Je ne suis pas mieux de mon côté, mon passé, c’est mon enfer et mon fardeau. Il est bien mieux enfoui au fin fond de mon âme. Là où il n’infligera aucune douleur aux autres. Et puis à quoi bon en parler ? Cela n’attire que de la pitié et de la curiosité mal placée. Mon morceau de bois commence à prendre forme. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu la soudaine envie d’en faire un pendentif, mais l’idée me plait. La silhouette d’un loup commence à se dessiner. Je continue avec une concentration accrue pour finaliser les détails. Je souffle quelques fois dessus et satisfais, je le fais tourner entre mes doigts. Il est pas trop dégueulasse, il manque peut-être d’un peu de couleur… Je referme ma main dessus et me met en quête de quelques brindilles pour faire un petit feu. Je retourne à l’endroit où Ash à fait le campement ce matin et jette ce que j’ai trouvé. Je sors deux pierres à feu de mon sac et allume les branches sèches. Je dépose le pendentif dans le sable et du bout d’un bâton enflammé, je fais brûler la surface quelques secondes avant de jeter du sable dessus pour l’éteindre. Une fois qu’il est refroidi, je le reprends en main et fini les quelques détails au poignard.


Peut-être que j’ai de quoi faire le collier dans mon sac… Je fouille dedans et me découpe des bandes fines de tissus pour ensuite les tresser très serrés. J’ai beau avoir les mains dans un piteux état, ce n’est que la peau qui a été atteint. Je garde donc une dextérité assez normale. Heureusement, sinon, je crois que je me serai tiré une balle depuis bien longtemps. Plutôt fier du résultat, j’attache vite fait le loup au collier et le fais tournoyer devant moi. Finalement, je ne suis pas trop naze pour ce genre de bricolage. Je le tends ensuite vers Ash.


“Tiens… ”

Je ne sais pas pourquoi je lui offre, mais voilà, je le fais quand même. C’était comme une impulsion inexplicable.
   
 

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Lun 22 Jan - 10:49
Ashton Crow
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Seven mange goulument le poisson et je ne peux m'empêcher d'être amusé. Le rat s'enfuit d'ailleurs après lui avoir mangé les doigts... Je lui jette un regard en biais, cette bestiole me prend pour quoi ? Son perchoir attitré ? Qu'il n'espère pas que je partage avec lui. Je termine d'ailleurs cette superbe brochette. Un petit festin sur lequel on aurait eu tort de cracher. Le nabot se déplace et je le regarde, il faut dire que je n'ai guère mieux à foutre.

Il semble très minutieux. Sa concentration a presque quelque chose de mignon, ça me rappelle lorsque je prends le temps de peindre. Je peignais souvent avec Loup comme modèle. Bien que j'aie apprécié cela, je préfère tout de même me perdre dans mes peintures en solo. Alors qu'il s'éloigne, j'arque un sourcil. Devrais-je le suivre ? Je secoue la tête, il doit avoir ses raisons, il a tendance à être bruyant lorsqu'il souhaite que je le suive.

J'en profite, sortant ma guitare, j'observe le rat sur mon épaule pendant que je reprends le morceau fraîchement composé plus tôt. Il faudra que je le note, cela m'évitera de le changer à chaque interprétation. Jouer pour un animal, voilà une activité plus que curieuse. Je bats la mesure avec mes ailes, un léger sourire aux lèvres. J'aime cette mélodie. Il n'y a que l'art qui m'apaise. C'est sûrement, car c'est un fil rouge avec le passé. Cela doit calmer mon cerveau malade, me rappeler que je suis pas tout seul et que le monde entier ne désire pas forcément ma mort.

Le petit gars revient finalement. Éteignant ma voix dans un même temps, je pose ma guitare et l'observe, j'allais pour lui demander s'il avait trouvé ce qu'il voulait. Je reste interdit devant le pendentif travaillé attaché à ce collier. Il me l'a tendu en me disant de le prendre. Je dois l'embarrasser à rester ainsi, figé. Finalement, je tends la main sans réelle conviction, prenant l'objet comme s'il était fait de cristal. Un profond intérêt pour celui-ci s'empare de moi, plus encore, la raison pour laquelle le jeune homme me l'a offert me déstabilise. Dans mon cerveau pourtant si imaginatif d'habitude, il n'y a que des pourquoi qui se bousculent.

" M... Merci... Mais... Seven. Pourquoi ? ⁣"

Je relève mon regard interrogateur vers lui alors que je caresse du pouce les détails du collier. Je dois admettre que la dernière fois qu'on m'a offert un truc remonte un peu... Je suis touché, bien plus touché que je n'aurais pu croire l'être un jour. La vie n'a plus aucun goût, toutefois, à sa manière, Seven y apporte un peu de piment. Je glisse le présent autour de mon cou, ne pouvant m'empêcher de le tripoter, un mince sourire étire mes lèvres, un loup, que c'est ironique...
   
 


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Lun 22 Jan - 10:51
Seven d'Aaravos
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Pourquoi, c’est en effet la question qui tourne en boucle dans ma tête. J’y trouve pas la réponse, pour être tout à fait honnête. C’est juste comme ça. Sans vraie motivation ultérieure. Je hausse les épaules en m’installant en tailleur sur le rocher. J’aime bien ce gros caillou. Il me permet de ne pas m’asseoir dans le sable.


“C’était qui, Loup…?”

Je me doute que c’est une question délicate, la façon dont il en a parlé au passé, me dit que cette personne ou cet être n’est plus de ce monde. Alors, je ne m’attends pas vraiment à ce qu’il me donne une réponse. Je fixe l’horizon et le soleil tombant qui se reflète dans l’eau. Ici et là un poisson remonte à la surface pour replonger aussitôt.


L’endroit est calme et paisible, un peu trop en ce moment même. J’aimerais que quelque chose brise le silence, autre que le bruit sourd des vagues sur la plage de sable fin. Autre que le bruissement des quelques feuilles sur les arbres solitaires. Je suis pas très doué, quand il s’agit de parler de choses sentimentales. Je n’aurais pas dû amener le sujet, je ne sais pas pourquoi j’ai façonné ce pendentif, ni pourquoi je lui offre. Je contemple les raisons, mais j’ai beau me retourner le cerveau, je n’arrive pas à saisir pourquoi je le trouve intriguant, ni pourquoi je veux m’efforcer à le faire sourire. C’est vrai, quoi ? Depuis quand je me soucie des gens ? C’est pas mon genre… Le monde m’a tellement fait souffrir, que de me rapprocher de quelqu’un, qui que ce soit, me répugne. Alors pourquoi Ash ne me laisse pas de marbre ? Parce qu’il m’a aidé ? Non… J’ai déjà été aidé à l’occasion, cela ne m’a jamais empêché de tracer mon chemin, seul. Qu’est-ce qui cloche chez moi, pour que je prenne même plaisir à sa compagnie troublante ? J’en sais rien et cela me frustre un peu. Pourtant, malgré mes émotions en pagaille, je reste silencieux à observer le soleil plonger petit à petit dans le lac. C’est beau… Et dramatique en même temps.



Le vieux pêcheur devrait bientôt partir pour la traversée. Est-ce que nos chemins vont se séparer en débarquant de la péniche ? De l’autre côté de la rive ? Une part de moi, désire en apprendre plus à son sujet. Mais je ne sais pas y faire, j’ai passé la majeure partie de ma vie à fuir, à survivre. Je ne sais que faire semblant, mettre des masques pour faucher les gens. Arnaquer, moquer, rire à la gueule de ses faux culs quand ils réalisent qu’ils ne sont plus en possession de leur bourse de Krakens. Ça, c’est ma nature… Je ne suis qu’un sale vaurien. Je ne sais que faire de ces sentiments sincères à son égard. Perdu, paumé, c’est exactement comme ça que je me sens en cet instant précis. Je ne sais pas comment interpréter ce que je ressens. Des amis ? J’en ai eu à l’orphelinat, mais depuis le massacre, j’ai gardé mes distances et ne me suis jamais, oh grand jamais, attaché à personne. Alors que fait-il de si différent des autres, pour que je me retrouve à lui offrir un cadeau et à vouloir sa compagnie un peu plus longtemps que nécessaire ?
   
 

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Lun 22 Jan - 10:52
Ashton Crow
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La question de Seven est totalement normale. Il est même impressionnant qu'il ait retenu sa curiosité jusqu'à maintenant.

" Tu veux savoir qui était Loup, ou qui était Loup pour moi ? Dans un cas comme dans l'autre c'est une longue histoire. Une histoire à dormir debout, une histoire pour laquelle Sapheris veut surement ma mort quelque part ? Je ne devrais pas être sur cette terre, enfin, pas comme ça. Si tu souhaites que je te raconte mon histoire, tu vas devoir suspendre le rationnel des évènements. ⁣"

Je tourne la tête vers l'horizon, mon regard se perdant dans les couleurs dansantes du couché de soleil.

" Tu vas aussi devoir attendre qu'on soit de nouveau seuls, donc ça dépend de toi, Seven. Veux-tu m'accompagner un peu plus longtemps en voyage et découvrir mon histoire ? ⁣"

Qu'est-ce que je fais ? Je suis un pauvre fou. S'il accepte et qu'après, il répand mon histoire ? Combien vont-ils être à vouloir me tuer ? Combien souhaiteront découvrir le lieu où j'entrepose les carnets de mes compagnons et moi-même ? Je lui indique le pêcheur qui nous fait des grands signes au loin. Me dirigeant vers lui en le laissant méditer sur mes paroles. Je ne dois pas m'attendrir pour un jeune homme que j'ai aidé. Est-ce que je fais ça parce qu'il me rappelle Loup ? C'est possible. Ils ont beaucoup de points communs au fond. Quoique Loup était un peu plus demandeur d'attention à mon égard. Remarque, cela faisait tant de temps qu'on se côtoyait, c'était normal.

Je l'aide à monter dans le bateau. Le pêcheur nous invite à regarder le soleil se coucher, et les étoiles qui vont bientôt paraître. Une heure bien curieuse pour des courses, va-t-il à l'auberge manger et boire jusqu'à plus soif ? Peut-être. Ou bien, il a des arrangements avec les gens du port ? C'est possible. J'attrape Seven, et l'amène contre moi, lui murmurant à l'oreille.

" Tu sais Seven, les personnes qui ont les plus beaux sourires sont souvent les plus brisées. ⁣"

Une phrase énigmatique, parlais-je de moi, ou de lui et ses cauchemars qui ont l'air de le dévorer de l'intérieur ? Je suis moi-même hanté par de mauvais songes, je suis surement la mauvaise personne pour dire quoi que ce soit à ce sujet. Je pose mon regard sur la voûte astrale et sa robe d'étoiles, les âmes de mes compagnons ont-elles retrouvé le chemin des réincarnations sans souvenirs, sont-ils devenus des étoiles ? Reposent-ils en paix ? Je l'espère. Surtout Loup, Loup qui m'a hurlé jusqu'à mon dernier souffle de ne pas l'oublier. Levant la main comme pour caresser les étoiles, une unique larme roule sur ma joue, venant mourir au creux de mon cou alors que mes lèvres décrivent en silence : Tu vois Loup, je ne t'ai pas oublié.

   
 

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Lun 22 Jan - 10:53
Seven d'Aaravos
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Sa réponse me rend assez guilleret et mon sourire en témoigne. Il souhaite donc bien faire un bout de chemin ensemble. Je suis tellement curieux d’en apprendre plus sur ce Loup. Je me demande qui était cette personne à ses yeux pour qu’il en devienne si mélancolique. Dommage que je doive attendre pour le découvrir, mais l’idée qu’il veuille bien m’en parler me suffit amplement pour l’instant.


Je m’assieds contre la rambarde en lâchant un soupir. J’ai hâte que cette épaule guérisse pour que je puisse regagner mon agilité. J’ai l’air d’un manchot raide comme un piquet en ce moment. Je me saisis lorsque Ash m’attire contre lui et je dois me faire violence pour ne pas bondir en sentant ses lèvres effleurer mon oreille. Je ne m’y attendais pas du tout et c’est la première fois que quelqu’un me chuchote quelque chose de cette façon. J’en rougis subitement et perds contenance. Merde, est-ce qu’il parlait de moi, de lui, ou encore de Loup ? Est-ce qu’il a deviné que je souris pour ne pas faire transparaître à quel point je suis meurtri au fond de moi ? Que ce n’est qu’une façade pour faire croire que je vais bien, que rien ne m’atteint ? Je serre le revers de ma capuche d’une main un peu tremblante et la rabat vivement sur ma tête pour cacher mon visage embarrassé en marmonnant.


“Je vois pas de quoi tu parles… ”

Sa proximité me brûle et je ne sais pas comment me tenir sans qu’il ne le remarque. Sans parler que je peux sentir mes oreilles de panthères se dresser sur ma tête. J’ai déjà la gueule d’un gosse, mais avec ces oreilles, je peux dire adieu à toute crédibilité s’il les voit. Bordel, il faut toujours que ça arrive au pire moment ! Pour couronner le tout, ma longue queue touffue bat sous ma cape. Génial ! Je me redresse d’un coup et part m’asseoir de l’autre côté de la péniche et fait mine de fixer les vagues se heurter contre la coque du navire. Il va probablement mal le prendre… Mais… Je n’ose même plus le regarder tellement j’ai honte.


Je n’aime pas qu’on me considère comme le bébé mignon. S’ils savaient le nombre de personnes que j’ai déjà blessé et même tué… Ce physique ne colle pas du tout avec ce que je suis à l’intérieur. Une bête qui n’hésite pas à commettre les pires atrocités pour quelques pièces d’or. Le katana qui pendait autrefois à ma taille, me manque. Si seulement ces sales foutus gardes ne m’avaient pas choppé à voler… Je ne l’aurais pas perdu. Soi-disant une trop belle arme pour un gamin en mon genre ! Je n'ai plus douze ans, je sais parfaitement m’en servir. Ugh, voilà que je me mets à ressasser des trucs pour échapper au regard de mon compagnon de voyage. Pitoyable… Et cette fichue queue que je n’arrive pas à contrôler !! J’ai envie de disparaître !


Je prie silencieusement que l’obscurité soit suffisante pour qu’il ne remarque rien. Mais je me doute que je me fais de douces illusions. Rien que mon comportement doit le faire froncer. Il y a une vieille lanterne qui éclaire le pont, elle se balance au rythme des flots et ne donne pas énormément de lumière, mais vu mes vêtements blancs, j’attire toute la luminosité. Je me maudis d’avoir foutu en l’air mon manteau noir. Je fais que de la merde les derniers temps, c’est hallucinant !
   
 

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Lun 22 Jan - 10:56
Ashton Crow
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La réaction de Seven était complètement opposée à celle que j'avais imaginée. Je pensais qu'il me frapperait ou me sauterait à la gorge pour l'avoir ainsi attrapé. Je ne peux m'empêcher de rire. Un gloussement malgré moi, je ne lui en veux pas même si je n'aurais pas rechigné à le garder contre moi. Je réprime ce que je pense et éteins mon rire. Observant sa silhouette qui se découpe sur le décor sombre. La lanterne qui couine à la proue projette sa lueur blafarde sur mon comparse. Le bateau fend les eaux à vive allure.

Je peux tout de même voir quelque chose d'inhabituel sur la silhouette de mon comparse, quelque chose qui bouge. J'arque un sourcil. Je ne peux pas définir exactement quoi comme je ne suis pas nyctalope. Je pousse un léger soupir, respectant la distance mise entre nous. J'effleure la douce couverture de cuir du carnet dans ma poche. J'essuie ma joue du revers de la main. L'embarcation suivant le rythme de la houle légère, la mer est d'huile, le système de propulsion, ni magique, ni technologique, fonctionnait parfaitement bien. Les Initiaux qui vivent sur cette île sont fort débrouillards. Je dirais même qu'ils sont tous débrouillards en général. Je fredonne du bout des lèvres, la mélodie que j'ai créée aujourd'hui emplit ma tête chaque fois que je me retrouve à me perdre dans mon esprit.

J'observe le ciel, me perdant un instant dans les étoiles. La nuit est déjà bien avancée, lorsque l'embarcation est amarrée au port. Je remercie le pêcheur en lui glissant quelques précieuses pièces qu'il accepte avec un sourire en me donnant des brochettes de poisson à présent froides empaquetées. Je glisse la nourriture dans mon sac et prends ma guitare.

" Tu viens Seven ? On y va ? ⁣"

Je faisais signe à mon compagnon, je ne saurais dire s'il est épuisé ou non, cependant je ne comptais pas faire de halte dans le port. Me faufilant sur le chemin dirigeant vers les grandes routes, j'aurais pu louer un cheval ou payer des marchands pour que l'on ait pas à marcher. Toutefois, une condition avait été claire, pour satisfaire sa curiosité, nous devions être seuls.

Tels deux ombres noires, on sort du port. Je ne prononce aucun mot, partant du principe que le jeune homme allait m'emboîter le pas. J'ai profité de ce voyage à Ephnil pour stocker quelques pétales cataplasmes séchés. J'ai gagné un compagnon de voyage et des ressources médicinales de base, un compagnon et son compagnon d'ailleurs... Le rat est limite plus motivé à être sur mon épaule que sur la sienne, j'en viens à me demander qui est son maître.
   
 


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Lun 22 Jan - 10:58
Seven d'Aaravos
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Si je viens ? Bien sûr que je viens ! Je marmonne un merci au pêcheur et me faufile gauchement à la suite de Ash. Je suis toujours troublé par mes attributs animaux et ma démarche est absolument grotesque. J’ai une main agrippée à ma capuche pour que la brise ne la balaie pas, et une autre qui essaie tant bien que mal de garder ma queue sous ma cape. J’ai l’air d’un con, à me tordre à chaque pas pour éviter qu’elle ne sorte et batte l’air nerveusement. Je rejoins Ash, terriblement gêné par ma dégaine discordante. Parfois, je me demande s’il s’agit vraiment d’un don et pas une malédiction.


On quitte le village au bord du lac pour rejoindre un petit chemin rocailleux. Je manque à plusieurs reprises de trébucher, car je suis bien trop concentré sur mon apparence, qu’où je mets les pieds. Un vrai pitre… Ash est étrangement silencieux et je me demande ce qui se déroule dans sa tête. Il doit forcément se demander ce que je fiche - tout comme moi, du reste - à me cacher comme ça. Il faut absolument que je me calme pour faire disparaître ces morceaux de fourrures agaçants. En vain… Le silence entre nous à l’art de me rendre encore plus agité. Je ne sais pas trop où on va, mais une part de moi lui fait confiance, alors je me contente de le suivre.


Le chemin nous mène au travers d’une zone boisée. Les arbres voilent une partie du ciel étoilé et quelques rayons de lune passent entre le feuillage rougeâtre. Ici et là, quelques lucioles flottent dans les airs, se baladant d’une fleur à l’autre. Le cadre est splendide et je me perdrais bien à le contempler, si je ne stressais pas autant d’être découvert. C’est une chose de dévoiler qu’on est un mage, c’en est une autre de dévoiler quel genre on est à un inconnu. Même si Ash n’est plus tout à fait un inconnu, je ne sais toujours pas grand-chose à son sujet. Mis à part qu’il est recherché par Sapheris et probablement pas pour des choses très joyeuses. Enfin, je  ne suis pas un saint, étant affiché sur une multitude de posters dans chaque village dans lequel je me suis un peu attardé.


Je ne porte pas Sapheris dans mon cœur non plus, pour être tout à fait honnête. Je leur en veux d’avoir dissimulé tant d’effusions de sang, sous prétexte qu’il ne s’agit que de petit village reclus et oubliés. Comme si une vie valait plus qu’une autre…


On se retrouve quelques heures plus tard, au pied d’une vieille arche en ruine, au milieu d’une petite clairière. Il n’y règne que le bruit de la nature et une légère brise fait gondoler l’herbe à nos pieds sous la lumière lunaire. Je ferme les yeux et hume l’air pur en fredonnant. J’aime ce genre d’endroit, calme et apaisant. Je m’étire de tout mon long et ma capuche bascule en arrière avant même que je n’aie le temps de me rappeler que j’étais supposé tout faire pour éviter ça. Je plaque abruptement mes mains sur ma tête en annonçant :


“Je pars chercher du bois, pour un feu, je reviens !”

Je m’éclipse en deux trois enjambées rapides et disparaît entre les arbres en quête de branches sèches. J’en profite pour remettre ma capuche en place et entasse une série de branches et de brindilles dans mes bras avant de le rejoindre devant la ruine. Il est déjà assis et m’observe le rejoindre. J’évite soigneusement son regard et dépose le tas de bois en vrac pour ensuite lancer le feu à coup de silex.


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Lun 22 Jan - 10:59
Ashton Crow
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Après avoir marché longuement, on atteint une clairière. Petit cercle ouvert dans la forêt où trône fièrement une arche usée par le temps. Seven s'enfuit bien vite alors que sa capuche tombe sur ses épaules, les mains sur sa tête, comme si quelque chose l'avait soudain piqué. Je hausse les épaules, sortant les brochettes de poisson, en tirant une avant de poser les autres près de moi. Je dévore une brochette sans demander mon reste. Essuyant mes lèvres du revers de la main. Je laisse l'autre pour le nabot. Attendant qu'il revienne.

Une fois revenu, il fait claquer les pierres pour faire vomir une étincelle dans les branches sèches. Je soupire doucement et attrape une branche attisant les braises.

" Tu sais. J'ai pour coutume de couper les langues et les têtes de ceux qui en apprennent sur moi. De crainte que mon histoire soit répandue, que mon existence, soit menacée. ⁣"

Je ne regarde pas le jeune homme. Prenant une grande inspiration, j'étends mes ailes pour ensuite les remettre dans mon dos. Je reste un moment silencieux. Avant de finalement ricaner.

" Tu t'en doutes surement. Vu que Sapheris voudrait me faire taire... Mais je suis un mage. Je ne suis pas un mage comme ceux qui maîtrisent un élément ou deviennent des animaux. Je sais qu'ils existent. J'en ai vu, sur le champ de bataille. De quel champ de bataille, je parle, tu te demandes surement ça, hein ? Je parle de la guerre. La Grande Guerre Technomagique. Celle que l'on décrit dans les livres. Celle qui encore aujourd'hui, après dix années de paix, fait encore parler d'elle. Aussi vieux soit mon corps, je suis bien plus vieux qu'il n'y paraît. Je suis aigri et las. Je suis maintenant seul à me souvenir. Mais... Avant... Ouais, bien avant, on était beaucoup plus que ça. D'ailleurs... C'est la première fois que l'on m'appelle par un vrai prénom. "

Ma voix s'éteint, il me coûte de raconter cela, je clos les paupières en jetant la branche au feu. Je le laisse digérer cette montagne d'informations. Je n'apprécie pas parler de moi, encore moins d'eux. Je sors mon carnet de cuir, la couverture est vieille, comme on en fait plus de nos jours. Je le tends à Seven, sans rien ajouter de plus, outre les mélodies et les quelques souvenirs récents, dans celui-ci, je relatais ce que je pensais être ma dernière histoire. Ma dernière préparation à partir en guerre, le dessin fin de mes compagnons en armure... Je prends ma gourde pour arroser ma gorge d'eau, liquide salvateur qui dénoue celle-ci, me faisant tousser. Je crache une partie de l'eau, si je m'attendais à m'étouffer en buvant pour me libérer de mon propre malaise...

   
 


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Lun 22 Jan - 11:00
Seven d'Aaravos
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Je reste muet en découvrant le contenu du livret. Le début de la guerre date d’il y a plus de cent ans… Je fronce les sourcils en essayant de comprendre. Est-ce qu’il est né avant la guerre ? Pendant ? Quel âge a-t-il ? Les récits dans le carnet donnent l’impression qu’il s’est battu au côté de ces mages… Qu’il les a vus tomber au combat, les un après les autres. Ce que j’ai vécu en comparaison me parait bien fade en lisant les lignes sanglantes de son passé. Je découvre des dessins d’une cruauté déroutante. Ouais… mon village à côté, c’était juste de la pacotille… Je feuillette le carnet en lisant ici et là un passage accompagnant les esquisses. Par moment, j’ai même du mal à retenir les larmes de franchir le bord de mes paupières. Je suis sous le choc qu'il puisse me partager une telle histoire. Je déglutis avec difficulté. C’est comme s’il n’en était pas à sa première… vie ? Je ne sais pas comment le décrire autrement.


Un autre détail m’interpelle, il dit être un mage… Mais lorsqu’il s’est baigné, je n’ai pas remarqué de marque prouvant qu’il puisse en être un. Comment fait-il pour la dissimuler ?  Quel genre de mage est-il… J’aimerais lui demander, mais du coup, j’ai l’impression d'abuser de sa confiance en ne lui donnant aucune information sur moi. Il m’offre une part de lui, alors ce ne serait que correcte d’en faire de même, non ?


Le feu crépite doucement, éclairant les alentours d’une lueur chaude et vacillante. Cela donne presque vie au décor, animant chaque crevasse, chaque relief, chaque imperfection dans la pierre.


Encore perdu dans mes songes, j’arrive à la fin du livre et découvre avec stupéfaction quelques croquis qui me représentent sans le moindre doute. Quand a-t-il eu le temps de me dessiner ainsi ? Je reste perplexe. C’est tellement bien dessiné que je ne peux tout simplement pas me tromper. La question qui me vient à l’esprit, c’est pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai de si intéressant à ses yeux ? Je ne suis qu’un mioche à côté de lui… Inconscient, vaurien et impulsif… Je suis couvert de cicatrices et mes mains… sont un désastre. Je relève le regard, interrogatif. J’ouvre la bouche à plusieurs reprises en cherchant les mots qui m’échappent. Je sais à quel point c’est difficile de trimbaler un fardeau. À quel point la pitié des autres est insupportable. Alors, je lui dis la seule chose que j’accepterai entendre, si j’avais mis au grand jour mon passé.


“Merci… de m’avoir montré… ”

Je me mords la lèvre avec hésitation avant de rabaisser ma capuche, dévoilant ainsi ce que je m’efforçais de cacher avec maladresse jusqu’à présent. Mes oreilles rondes, noires et blanches, se plaquent en arrière à cause de la gêne que j’éprouve à me montrer ainsi. Je me doute que comparer à ce qu’il vient de me dévoiler, ce n’est pas grand-chose. Mais je n’arrive pas encore à parler de mon passé. Il a beau être moins violent que le sien, il n’en reste pas moins ma croix à porter. Je détourne le regard sans rien dire, fixant le pied de l’arche à côté de moi.
   
 

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Lun 22 Jan - 11:01
Ashton Crow
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J'écoute les pages qui se tournent, il semble absorbé par ma façon d'écrire. Mon exutoire face à cette blague que m'a fait ce foutu esprit millénaire. Je soupire en glissant ma main dans ma chevelure rousse.

" Je voulais satisfaire ta curiosité, même si ce n'est qu'un fragment de mon histoire. Ma dernière vie, ce que je me suis souvenue lorsque c'est revenu, cette belle mort, la délivrance, envolée en fumée à cause d'un souvenir. C'est con hein ? Si tu as des questions, je peux tenter d'y répondre, que ça me concerne ou autre chose. ⁣"

Je relève mes yeux d'azur vers lui, lui offrant un demi sourire, croisant ses yeux d'or, alors qu'il abaisse sa capuche, dévoilant des oreilles agitées, je souris légèrement. Un mage félin ? Cela lui va bien. Farouche, libre, sauvage. Je lève la main, j'ai envie de la poser sur sa tête et ébouriffer sa chevelure, mais je n'en fais rien. Mon geste suspendu dans l'air, retombant sur ma cuisse.

" Cela fait bizarre de parler de ça. Je dois t'admettre, à part avec Loup, je parlais rarement du passé. "

Je range le carnet une fois qu'il a fini de le feuilleter. Un petit rire m'échappe malgré moi, la nervosité due au silence.

" Cela te va bien les petites oreilles. Ça te rend… Mignon... "

Je couvrais mon visage de ma main, essayant de cacher les teintes rosées qui venaient se glisser sur ma peau, c'est tellement bizarre de lui dire ça à haute voix. J'aimerais devenir une flaque et me fondre dans le sol. Je m'éclaircis la gorge, essayant de reprendre contenance. Je baisse mes yeux bleus vers mes mains, incapable de regarder mon compagnon de voyage en face.

" Ma magie n'est pas normale, elle ne devrait pas exister, je ne devrais pas exister, ou du moins… Pas comme ça. Mais… Eh he… Je suis là ! Je suis moi. C'est ce qui compte, non ? Enfin. Tu sais, j'ai vu tant d'horreurs, tant de visages déformés par la terreur. Tant d'êtres meurtris par les autres êtres humanoïdes, assez fous pour s'en prendre aux autres… Des villages mis à feu et à sang sous l'ordre d'un monarque cupide, des mains d'œuvres malléables envoyées comme chair à canon pour aider les lignes suivantes à atteindre leur cible sans plus d'intérêt pour leur sacrifice. Ce qui est le plus douloureux dans tout ça... C'est qu'au fond, je ne suis pas destiné à mourir. Comme si je n'avais pas le droit me reposer. Enfin, ne nous enveloppons pas de larmes. Il y a un avantage à toujours revenir dans ce monde. On le voit évoluer, on voit certes le mal, mais aussi ce qu'il y a de beau dans ce monde. Loup existe encore, tout comme les autres, ils ne sont juste plus ces animaux que l'on envoyait mourir sur une terre gorgée de sang. "

Je tends la main à Seven, l'invitant à se rapprocher.

" Je ne suis pas parfait, tu ne l'es pas non plus, personne ne l'est, mais tu es là et tu es toi. Pour moi, chaque vie compte, la tienne autant qu'une autre, je ne laisserais personne te dire le contraire, ton don n'a rien d'anormal non plus, si c'était le cas, la magie ne devrait juste pas exister, n'est-ce pas ? Ce foutu esprit, il veut que l'on ramène la magie, ne sommes-nous pas trop frêles pour combattre le monde entier ? Pourquoi on ferait ça, alors qu'on peut vivre pour nous-mêmes ? "

Ma voix mourut sur cette question, tant de phrases, tant de choses que j'ai laissé échapper, j'ai laissé courir mes pensées. Abandonnant mes barrières, levant mes restrictions, le temps d'un soir, le temps d'un feu, partagé avec ce jeune homme, qui, il y a peu, était un parfait inconnu.

   
 

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Lun 22 Jan - 11:02
Seven d'Aaravos
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Cette fois-ci, les larmes me gagnent avant que je ne puisse les retenir. C’est un flot d'émotions que je contrôle mal. Son histoire me ravage de l’intérieur. Je souffre déjà de n’avoir qu’une seule vie… Je n’ose pas imaginer la douleur qu’il a dû endurer avec autant de vies. L’esprit est véritablement un être sournois dont les intentions ne sont pas claires. Ces mots me font du bien, autant qu’ils me mettent à nu. Lorsqu’il me dit que je suis “mignon” je ne peux m’empêcher de grimacer. C’est exactement ce que je ne voulais pas entendre, mais étrangement, je lui pardonne sans trop de difficulté. Je sens bien que ce n’est pas dérisoire, contrairement à ce que j’ai déjà pu entendre par le passé. Lorsqu’il couvre son visage en rougissant, un fin sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Il semble que je ne sois pas le seul à être déconcerté par ce lien qui se tisse entre nous sans qu’on puisse le comprendre. On le ressent, mais on ne sait pas comment cet intérêt est né.


Il me tend une main fébrile et j’hésite un long moment avant de me rapprocher et de me recroqueviller contre lui. Sa chaleur passe au travers de mon manteau et un soupir s’échappe de mes lèvres. Je hoche doucement la tête en approuvant ses dires, personne n’est parfait, c’est un fait. Je me sens étrangement bien, appuyé contre lui. Rouler en boule serait plus approprié pour décrire ma position. Je fredonne doucement en respirant, un peu comme le ferait un chat ronronnant de plaisir. Je ne sais pas pourquoi j’apprécie sa proximité, mais je pense que je ne trouverai jamais la réponse à cette question. C’est juste comme ça et cela me convient. Je fixe le feu en face de nous en train de mourir doucement au fur et à mesure que le silence se prolonge. Je finis par m’allonger en posant ma tête sur ses genoux repliés en tailleur.


“J’ai jamais connu ma famille… Un vieux curé m’a adopté et donné mon nom.”

Je ricane en me rappelant le visage désapprobateur du vieux Onyx ce jour-là.


“Il m'a retrouvé la main dans le sac, en train de voler un bout de pain à un passant. Je ne me souviens pas trop quel âge je devais avoir, probablement 6 ou 7 ans. Il m’a recueilli et j’ai grandi avec six autres gamins orphelins. Je lui causais que des problèmes, avec mon comportement de petit con.”

Mon regard se voile alors que j’observe les braises briller de leur lumière rougeoyante.


“Quand j’ai eu 12 ans à peu près, une bande de vandales s’est pointée. Ils ont massacré tout le monde sur leur passage. Je ne sais pas par quel miracle je m’en suis sorti, peut-être qu’ils ont pensé que personne n'aurait pu survivre à l'effondrement de la chapelle. Je n’en sais rien… Toujours est-il que j’ai survécu. Le village était en feu et à sang. Il ne restait plus personne, plus rien…”

Je ferme les yeux avec amertume. Malgré mes mains brûlées, je me suis efforcé de sortir des décombres chacun de mes frères et sœurs orphelins, ainsi que le vieux Onyx… Ils étaient méconnaissables… Je regrette de ne pas avoir pu les protéger, de ne pas avoir hérité d’un pouvoir mystique ce jour-là pour terrasser ces bandits.


“Bien plus tard, lorsque j’ai quitté les ruines de mon village, j’ai appris qu’un Panthorax se serait hasardeusement perdu dans le coin et serait à l’origine du massacre. Autant dire que j’ai explosé de rage. J’ai récupéré un Katana, dans un charriot d’un forgeron, et je suis parti sur les traces de ces vauriens dans l’intention de tous les terrasser, de les faire souffrir autant que j’ai souffert. J’en ai gagné une belle balafre tout le long de mon dos et j’ai manqué y rester… Je n’ai pas pu en tuer un seul, du haut de mes douze ans… ”

Un rire ironique s’étouffe dans ma gorge. J’ai toujours été une tête brûlée… Je frotte ma joue sur sa jambe inconsciemment. Quand je réalise à quel point je suis en train de laisser mon instinct de félin m’envahir, je me redresse vivement en baragouinant une excuse. Je réalise également que je n’ai jamais autant parlé de moi à quelqu’un…
   
 

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Lun 22 Jan - 11:03
Ashton Crow
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Seven m'apparaît comme sur le point de s'écrouler, comme s'il allait tomber tel un château de carte sur lequel on aurait soufflé. Je me redresse pour lui permettre d'être confortable. Mes mains trouvent machinalement sa chevelure immaculée, glissant doucement entre les mèches, puis le long de son dos, un geste tendre qui me rappelle des souvenirs. Je souris tendrement, je suis apaisé, comme si c'était ce dont nous avions besoin l'un et l'autre. Comme si l'on avait déverrouillé une lourde porte de fer, la langue du plus petit se délia.

J'écoutais son histoire, sans jamais l'interrompre, je pouvais sentir la douleur qui étreint tout son être, une peine qu'on ne peut soulager. Je le sais que trop bien. Voler pour survivre, tout perdre dans une énième mise à sac, je me souviens de cette vie dans laquelle je suis mort de faim. Je serre les dents lorsqu'il évoque le Phantorax. Cette bête immonde… Comme s'il pouvait se perdre hors de la jungle Ishubi. Je ne suis pas dupe, je sens dans sa voix la rancœur qu'il éprouve à cette piètre excuse.

Lorsqu'il parle de sa prise de courage, de ce petit marmot, tout juste entré dans l'éclosion de l'adolescence, prenant les armes pour venger ces personnes qu'il a perdues. Se jeter sur les traces de ces monstres, lorsqu'il cite la cicatrice, je ne peux que me souvenir de mon regard que je m'efforçais de ne pas laisser courir sur son corps. Je soupire doucement, ma main venant se perdre dans sa chevelure. Inspirant profondément, je cherchais les mots, des mots qui devaient être réconfortant, mais rien, rien ne me venais. Hésitant, ma voix s'étrangle faiblement alors que j'articule des phrases que je ne devrais peut-être pas lui dire.

" Lors des batailles, il m'est arrivé, sous les ordres d'en haut, de marcher sur des villages. Il ne restait que cendres et charognes après notre passage. Nous n'avons pas le droit de contester les ordres. Je sais qu'il reste encore quelques mages de cette ère, sans compter les anti-mages… Ces groupuscules de petits malins qui estiment que les mages d'aujourd'hui ne sont que de pâles copies du passé et ces foutus anti-mages qui seraient heureux si on disparaissait tous. ⁣"

Je détournais la tête. J'étais gêné, comme si je n'avais pas le droit d'être aussi proche de lui. Je retirais ma main de sa chevelure, les lèvres pincées, je viens effacer toute trace de possible faiblesse de mon visage. J'inspire et expire doucement. Contrôlant mes propres émotions pour les refouler. Je m'efforce de ne pas lui jeter un regard. Je suis un meurtrier, je n'ai pas le droit de réconforter ce jeune homme, tout comme je ne devrais pas avoir raconté mon histoire. J'ai faibli, laissé tomber mes barrières…

J'ai échoué. J'ai juré que je ne me rapprocherais plus de personne. Ce n'est qu'un trop lourd fardeau à porter et pourtant, j'ai ce petit sur mes genoux et d'un côté… J'apprécie cela ? Je n'aurais jamais imaginé que j'appréciais autant la chaleur humaine, que j'ai tant besoin de compagnons auprès de moi. Cependant, à quoi bon ? Si je meurs... Il sera surement tué avant, je ne le retrouve… Et puis, comment croire quelqu'un qui apparaît et vient scander que c'est une personne qui est décédée et qu'il a une nouvelle fois pénétré une nouvelle enveloppe. Homme ou femme, je ne choisis rien, je ne fais que prendre ce que j'ai, comme je l'ai toujours fait.
   
 


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Seven d'Aaravos
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Je suis brusquement pétrifié lorsqu’il me parle des croisades auxquelles il a dû prendre part. Il peut détourner le regard comme il veut, je peux parfaitement voir sur son visage la gêne qu’il en éprouve, mais cela ne change rien au fait. Il a massacré des villages sans se poser de questions… Comme tous ces soldats qui font pareil… Il aurait très bien pu faire partie de ces brigands ! Je me braque sur les flammes mourantes du feu. A-t-il pris plaisir à trancher la gorge d’enfants, de nourrissons à peine capable de marcher ? Des larmes de colère coulent sur mes joues. Pourtant, je ne prends même pas la peine de les effacer. Qu’elles coulent, je n'en ai rien à faire. Je ris, mais d’un rire morne.

All I want is to feel a bit || Ft. Seven - Page 2 A15b415dc6bc6063d5f6a6fc65bc91a9

“Si même ceux qui ont un don magique… ne défendent pas les démunis… Que restera-t-il d’eux au bout du compte ? Si même les plus puissants d’entre nous, ne se posent pas de questions en marchant sur un village ? En déversant le sang d’innocents, juste parce que les ordres ne peuvent pas être contestés. À quoi bon avoir un pouvoir, si c’est pour ne pas s’en servir pour faire le bien ?”

J’ai la voix amère et rauque, mon visage a perdu son expression infantile et s’est figé dans un masque sombre et indifférent. Je me redresse en glissant mes mains dans mes cheveux lorsque je réalise ne pas être mieux que lui en final. J’ai tué pour quelques Krakens, sans me soucier de ma victime… Certes, je n’ai jamais assassiné d’enfants… Mais cela ne change pas le fait que je suis autant un meurtrier que lui. Mes genoux fléchissent et je m’accroupis en fermant les yeux douloureusement. Dire qu’il m’a fallu tant de temps pour me rendre compte à quel point j’étais hypocrite avec mes idéaux… Alors que même moi, je n’arrive pas à m’y tenir… Je me sens minable et sale.


“Je suis pathétique…”

Les mots ne sont qu’un murmure qui meurt dans le silence lourd de la nuit. J’ai mal… Je suis en colère contre moi-même pour ne pas avoir agi plus tôt… Fait quelque chose de plus utile de ma magie… Je ne suis bon qu’à me cacher dans les ombres du monde. Toutes ces années, j’avais un but en tête, sans vraiment le suivre, sans vraiment m’y consacrer.


Je mords sur ma lèvre et le goût du sang envahit ma bouche. Je me hais, je me déteste, je me maudis de n’être qu’un nabot. Je regarde Ash, au travers de mes mains tremblantes, mes yeux reflétant la lumière de la lune. Je vois bien qu’il regrette ses actions du passé. Je le sens.


“Aide-moi, Ash. Il faut que les choses changent… Il faut que ce monde devienne meilleur. Que tout ça cesse enfin.”

J’ai beau trembler, ce n’est pas de peur, ni de froid. C’est une rage qui brûle au fond de moi qui vient de s’allumer. Que lui vient d’incendier avec ces révélations. Je ne peux pas dire que je ne lui en veux pas, mais le passé est le passé. Il va falloir que je récupère une arme, si je souhaite avoir une chance de peser mon poids dans cette guerre des ombres. Seulement, je n’ai pas un rond pour m’en procurer une convenable…
   
 

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Lun 22 Jan - 11:09
Ashton Crow
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Le jeune homme se soustrait à mon contact. Il en a le droit, c'est même tout à fait normal. Mon souffle franchit mes lèvres tremblantes. Je n'ai pas choisi de tuer tous ces gens. Innocents… Sont-ils vraiment innocents lorsqu'ils fournissent armes et vivres à nos ennemis ? Je ne veux pas intervenir, le laissant se faire submerger dans un mot. Mes yeux bleus se sont détachés de sa silhouette. Le regard là, ces flammes crépitantes me rappellent les maisonnées enflammées pour détruire tout ce qui pourrait être utile à nos ennemis.

Lors d'une guerre, on ne peut pas être tendre. Si, par malheur, nous sommes tendres, c'est nous qui perdons, c'est nous qui sommes trahis, un couteau enfoncé entre les cotes pendant le sommeil. On est bien vite formatés, nous qui sommes immortels, condamnés à revenir perpétuellement. Je me relève. Me détournant du feu de camp pour me rapprocher de l'arche en ruine. Quand Seven me demande de l'aider à changer le monde, je tourne mon visage las, fermé.

" Sauve-toi déjà toi-même petit. Avant de vouloir sauver le monde. Sauve-toi déjà toi-même. ⁣"

Je passais l'arche, prenant une impulsion en déployant mes ailes pour me percher sur l'arche, sur la pierre qui me semblait la plus stable. Je fixe les étoiles, mes précieuses amies. Des amies qui ne m'ont, ni trahi, ni abandonné. Seven, il va surement m'abandonner comme beaucoup d'autres, pourquoi ai-je voulu m'ouvrir, je commence à avoir le regret qui me glisse un goût de bile sur la langue. Je reprenais, ma voix partant dans les graves.

" Quand tu dois choisir de prendre une vie pour sauver la tienne ou celle d'un de tes compagnons. Crois-moi, tu as autre chose à foutre qu'à te demander si c'est juste. Tu le fais. Un point c'est tout. La guerre ça ne pardonne pas gamin. Ce n'est pas juste un jeu ou une fable. Tu épargnes un minot ? Il viendra enfoncer un couteau sale dans tes cotes pendant que tu pionces ! Je ne regrette que d'exister. Mes actes n'ont pas été déterminés par la justice ou la compassion. Je n'ai fait que survivre et c'est ce que je fais encore, comme tout le monde ! ⁣"

Je m'étais emporté malgré moi, ma voix me répondant en écho, je me lève, déployant grand mes ailes en lui jetant un regard par-dessus mon épaule.

" Alors quoi ? Je te rappelle de mauvais souvenirs maintenant hein ? C'est ça qui me fait mal. Je l'ai pressenti, puis vu, cette façon de s'enfuir, ces larmes qui roulent. Je suis un monstre parce que j'ai eu le malheur de faire la même chose que quelques malandrins. On m'a jamais demandé mon avis ! Ainsi considère-moi comme un monstre. Qu'est-ce que ça change de d'habitude finalement. ⁣"

Je finissais ma phrase en bondissant de l'arche, amortissant ma chute grâce à mes ailes. Je lui jetais un regard noir, bien que ma colère ne soit pas dirigée vers lui, je ne pouvais m'empêcher d'être révolté. C'est injuste. Pourquoi ai-je ouvert la bouche. Pourquoi. Pourquoi je suis con. Je serre les dents, ramassant mon sac et ma guitare. J'ai envie de partir, m'enfuir, disparaître, je ne peux plus supporter son regard de biche effarée. Je me détourne, lui souhaitant brièvement bon vent entre mes dents.
   
 


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Seven d'Aaravos
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Je me relève d’un bon et vient me placer juste devant lui. Je le fixe, les lèvres pincées. Ses yeux glaçants me regardent avec tant d’indifférence.


“Me sauver ? À quoi bon ! Quelle importance si je meurs aujourd’hui ou demain ? Personne ne me pleurera de toute façon ! Alors dis-moi ce que j’ai à perdre ? J’ai bien conscience que je ne peux changer le monde juste par la volonté de le faire. Tu crois que je te juge sur tes actes ? Que je pense que tu es un monstre ? Je vaux pas mieux que toi, je n’ai pas participé aux guerres, mais mes mains sont tout aussi sales. Je pleure de rage, Ash! Car je déteste ce que ce monde nous oblige à faire !”

J’ai conscience que je suis en train de hurler ma rage. Probablement que je suis même en train de tout faire exploser entre nous, qu’il ne voudra plus me parler, qu’il va s’en aller sans jamais se retourner. Mais il faut que j’essaie de lui faire comprendre que je ne le considère pas comme il le pense. Il se trompe sur toute la ligne.


“Tu as vécu tant de vies… et sûrement que celle-ci te parait fade et morose comparé à certaines. Tu reviens sans cesse, pour voir la misère dans ce monde rester constante. Tu dois bien avoir une idée comment influencer ce qu’il se déroule autour de nous, non ? J’ai du mal à croire que tu veuilles te contenter de te terrer dans un trou à chaque fois, encore et encore. De passer inaperçu, de fuir. C’est toi, qui te vois comme un monstre, pas moi !”

Je me contrefiche de taper où ça fait mal. De dire les mots qui blessent. J’ai besoin que ça sorte. Mes oreilles sont plaquées en arrière et ma queue bat violemment, dépassant allègrement de sous ma cape. Je n’y prête plus attention, je suis bien trop remonté pour ça. Qu’il me voie, qu’il me regarde. Moi, gamin, comme il dit si bien !


“Que tu m’aides ou non, je continuerai mon chemin, quitte à en mourir. Mais je refuse de continuer à vivre comme un vaurien, qui passe son temps à voler et à tuer pour survivre !”

Je gronde, je tremble, j’ai la hargne. S’il le faut, je lui prouverai à quel point je suis déterminé à faire quelque chose, n’importe quoi. Aussi insignifiant soit mes efforts. J’aurais essayé.

All I want is to feel a bit || Ft. Seven - Page 2 Cf0df4d05cc571873524eef95a36ea68

Le silence retombe aussi brutalement que je l’ai rompu avec ma voix et ma colère. Le feu est mort et seule la lune nous éclaire. C’est comme si la forêt entière nous observait dans sa lueur bleuâtre. Même les animaux se sont tus… Je ne peux distinguer que mon cœur battant lourdement dans ma poitrine et mon souffle rauque. Le vent est tombé, il n’y a plus rien qui bouge autour de nous. Je peux voir les ailes d’Ash frémir, mais je ne saurais dire si c’est de colère, d’indignation ou d’exaspération. Il veut probablement seulement tracer son chemin… Cela me fera mal, terriblement. Mais qui suis-je pour le retenir ? Je ne suis qu’un gamin à ses yeux… Mon expression est teintée de tristesse, malgré la colère qui fuse encore dans mes veines
   
 

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Lun 22 Jan - 11:22
Ashton Crow
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La rage du petit qui explose me fait plisser les yeux, plantés devant moi, ses attributs primitifs fouettant l'air de colère. J'en ai un petit sourire amusé. On le connaît ce sourire, le fameux sourire d'enculé. Celui que je ressors à toutes les sauces pour faire croire que je n'en ai rien à foutre, comme si je me peignais le cul de sa colère avec le pinceau de l'indifférence. Un joli masque qui est brisé par la fin de la première tirade. Rien à perdre ? Mes yeux sont traversés d'un éclair de tristesse.

Je veux faire taire cette bouche menteuse, je claque de la langue, je ne désire pas l'interrompre tout autant… Ah… Mon cerveau est un véritable bordel. Je grogne à sa seconde tirade, faisant un pas en avant, déployant grand mes ailes, mes mains lâches. Mon sac et ma guitare dirigés vers le sol, un tremblement commence à faire vibrer tout mon corps, comment je fais pour retenir cette impulsion. Cette langue, aiguisée comme un rasoir, cherche à tailler dans des plaies qui depuis bien longtemps sont taries d'hémoglobine, continue de mettre en forme la rage du jeune homme.

Je déglutis alors qu'il parle de mourir, c'en est trop. J'attrape son visage tandis que le silence retombe, posant fermement mes mains de part et d'autres de sa face. Je ne le relâche pas, un moment d'hésitation, venant finalement sceller mes lèvres aux siennes, c'est un contact extrêmement court, farouche, mais timide. Pour cela, j'avais jeté mes affaires au sol. Je baisse les yeux en appuyant mon front contre le sien.

" Imbécile. ⁣"

Un murmure, un simple souffle au milieu de ma respiration chaotique, galvanisé par cette colère sourde et la sienne. Je respirais fortement, essayant désespérément de calmer tout mon être, c'est comme si ce nabot avait ravivé une tempête, je relâche doucement son visage que je caressais doucement avec mes pouces jusqu'à maintenant. Glissant une main dans son dos, l'autre à l'arrière de son crâne, l'étreignant comme si le lâcher allait le faire disparaître.

" Moi. Tu as moi à perdre. Je t'interdis de mourir avant moi. ⁣" Je pose mon menton sur le sommet de sa tête en continuant. " Le monde peut bien brûler. J'ai trop essayé de bouleverser le monde. Je ne veux plus le faire, je souhaite vivre pour moi, je me suis défendu de ne porter ne serait-ce qu'un intérêt aux gens. Pourtant, toi, je t'ai autorisé à pénétrer ma tête, j'ai pas envie qu'il t'arrive du mal. Je ressens ce besoin irrépressible de te protéger. Alors tais-toi. Si c'est pour dire de pareilles inepties, je préfère ne pas t'entendre. Tu penses que tu comptes pour personne… Mais pour moi… Tu comptes. Donc ne joue pas ta vie bêtement par pitié. Je ferai du monde entier mon ennemi si ça peut m'assurer que tu sois heureux. ⁣"

Je le relâche finalement, je m'autorise à lui rendre son espace, peut-être brusquement. Mon corps flanche, un fourmillement d'une rare violence venant courir dans mes muscles. Je me laisse tomber au sol. Heurtant celui-ci presque trop violemment, je ne sens plus mes jambes. J'inspire bruyamment comme si je manquais d'air. Je peine, bredouille quelques excuses. Je me demande si je n'ai pas tout gâché.

Je me suis laissé emporter par ce torrent d'émotion, je tiens ma gorge, cette panique me permettant ironiquement de constater que je venais d'effectuer tout ça. Je relève les yeux vers Seven, décidant enfin d'affronter son regard, j'ai peur de trouver de la haine ou du dégoût dans ses prunelles d'or. Je suspends ma respiration, retenant mon souffle, mon regard est-il suppliant ? Je n'en sais rien. Je me sens vivre à ses côtés. Je veux plus de ça.
   
 

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Lun 22 Jan - 11:25
Seven d'Aaravos
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Je suis… Je suis… Sidéré. Absolument cloué sur place par ce bref contact. Je ne l’avais pas venu venir et je me touche le bout des lèvres du revers de ma main avec incrédulité. Ma rage s’est dissipée aussi vite qu’elle a surgi et je suis planté comme un piquet maladroit devant lui. Je le dévisage avec stupéfaction, sans comprendre pourquoi il vient de m’embrasser. Le baiser était chaste et court, mais il en reste un baiser. Pourquoi ? Sa déclaration, ensuite, termine de m’abasourdir. Je peux sentir mon cœur battre sourdement, douloureusement dans ma cage thoracique. Je cherche dans son regard une explication, mais son expression est si affligée que j’en perds mes mots. J’ai un million de questions qui se bousculent dans mon esprit sans que j'arrive à en formuler une seule. Je ne sais même pas décrire ce que je ressens réellement en cet instant. Mes oreilles sont tellement agitées que j’en deviens encore plus nerveux. Je dois probablement être rouge à en mourir et je remercie l’obscurité de bien vouloir cacher mon embarras. Le silence est tout aussi assourdissant que mon cœur. Il me met la pression et l’angoisse de voir partir Ash si je ne fais rien, est en train de me submerger. Je ne veux pas qu’il s’en aille, même si tout est confus dans ma tête. Merde, ça ne fait que deux jours qu’on se connait… Je suis complètement paumé. Est-ce que c’est juste par impulsion ? Ou m’a-t-il vraiment embrasser, car il éprouve quelque chose de plus fort ? Je n’en sais rien et ça me bouffe de l’intérieur…


On embrasse pas les gens juste comme ça, sur un coup de tête, non ? Je compte pour lui… C’est probablement la chose la plus touchante que quelqu’un m’ait dite. Mes sens sont partout et décuplent chaque bruit, chaque bruissement de vent sur ma peau, chaque odeur parfumée de la forêt qui nous entoure, ainsi que la sienne. C’est tellement troublant… Je ne sais pas si j’ai envie de fuir ou le saisir par la main pour l’attirer dans un nouveau baiser pour ressentir ce torrent d’émotions incompréhensibles. Juste pour confirmer la sensation… La placer quelque part dans mon esprit pour la comprendre.


“... Je… Tu… Je…”

Je suis en train de bafouiller comme un con… Je suis censé réagir comment, au juste? C’est comme si mon corps ne m’obéissait plus. Bordel, mais ressaisis toi, Sev’ ! Si je fais rien, il va partir, alors, merde! Je fais un pas en avant, lui attrape le bras, me laisse tomber à genoux devant lui et je plaque mes lèvres abruptement contre les siennes. Le monde disparaît autour de moi. Il n’y a plus que lui, avec ses ailes frémissantes, son odeur enivrante et ses lèvres… J’ai l’impression de respirer pour la première fois, chose paradoxale étant donné que mes lèvres sont closes. Rien n’a vraiment plus de sens, à peine quelques minutes plus tôt, il me criait dessus, me disant que je suis un imbécile, et là… Il me dit que je compte pour lui… Qu’il ferait n’importe quoi pour me rendre heureux… J’ai envie de voir jusqu’où tu peux m'emmener, Ash…
   
 

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Lun 22 Jan - 11:29
Ashton Crow
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La panique, faufilée au creux de mon ventre, étalant ses doigts sournois et froid au cœur de mon être, commença à me chuchoter à l'oreille. La chute sur le sol, en devenait à peine douloureuse, si les mots qui plus tôt étaient sortis de sa bouche, l'était dans le but d'être tranchants, il n'était rien face à ces petites voix dans mon esprit. La meilleure personne pour vous faire comprendre que vous êtes scandaleusement con, que vous êtes une engeance monstrueuse. C'étaient ces petits murmures tranchants qui venaient se faufiler dans ma tête.

Je relâchais ma gorge, cherchant le regard d'or de Seven. Il était en face de moi, ses petites oreilles rondes s'agitant sans repos, je pinçais les lèvres, j'avais commis une bourde. Une bourde que je regrettais déjà. J'allais pour m'excuser, mais le jeune homme se mit à bafouiller. Aucun mot, aucune phrase ne semblait réussir à s'échapper de son être qui a perdu son souffle de colère.

Je vais pour me redresser, lui dire de ne pas s'inquiéter que c'était une impulsion, un baiser volé sans son consentement. J'ai souhaité bafouiller des excuses, construire une histoire pour oublier les milliers de questions que j'ai soulevé, les cacher sous le tapis. Pourtant, voir Seven se laisser tomber à genoux me coupa net. Mes sourcils se froncent, je me demande pourquoi diable se laisse-t-il tomber à ma hauteur. Je n'ai pas eu le temps de méditer la question, la pression de ses lèvres sur les miennes balaie le chaos dans mon esprit.

Une bouffée d'oxygène, comme si l'air que je respirais était un poison auparavant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine violemment, venant se répercuter dans mes tempes, si mon visage est plus rouge qu'il ne l'a jamais été, je suis tout de même bien. Ses lèvres ont un goût sucré qu'à présent que j'ai goûté, je ne pourrais plus me passer. Je viens l'envelopper de mes bras, le serrant doucement contre moi, mes ailes se pliant vers nous, comme pour créer un cocon de plumes où nous seuls sommes protégés.

Les bonnes choses ont, hélas, une fin et cela inclut ce baiser. Séparant nos bouches, haletants, j'inspirais profondément, relâchant mon emprise sur lui. Ma main effleurait son visage. Je savais que j'avais ouvert une porte, une porte que je n'aurais peut-être pas due ouvrir. J'en assumais les conséquences. Me laissant retomber sur le dos, je m'éclaircis la gorge.

" C'est bien plus agréable qu'une gifle. ⁣"

Un rire léger soulevait ma poitrine, libéré de cette panique qui avait fourmillé à une vitesse folle sous ma peau. Je reportais mon regard dans les yeux d'or de Seven que je n'avais pas lâché.

" C'est… Rare que je me laisse emporter par mes impulsions. Je laisse faire quand je ne sais ce qui est juste. Tu es quelqu'un d'extraordinaire Seven, briser ainsi les murs que j'ai érigés... ⁣"

C'est bien parce que je l'ai voulu. J'aurais pu porter haut ma carapace d'épines et lâcher le gamin une fois qu'on était revenu sur terre. J'aurais pu réellement le considérer comme un gosse aussi. Pourtant, je le vois comme un homme. Que je l'appelle petit ou nabot… Il a pris sans que je m'en rende compte une place très importante dans ma tête, bien trop vite aussi. Je me redressais doucement.

" C'est... Allé si vite. Je ne sais pas exactement quels mots mettre là-dessus. Je sais juste que je tiens à toi, Seven. "
   
 

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Lun 22 Jan - 11:31
Seven d'Aaravos
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Ses ailes, rabattues sur nous, me donnent l’impression d’être protégé. Constat que je trouve plutôt effrayant et nouveau à la fois, car je n’ai jamais accepté la protection de qui que ce soit. Je me suis toujours efforcé de tenir seul, d’affronter mes propres démons sans l’aide de personne. Le baiser est… Électrisant. Mon corps entier vibre d’une énergie incontrôlable. Lorsque nos lèvres se séparent, j’ai comme l’impression de me faire arracher une partie de moi. C’est comme si ce contact, ce rapprochement, avait déverrouillé une porte close depuis bien longtemps. Une porte renfermant une possessivité, un besoin primitif d’aimer et de se sentir aimer. Ça me prend comme une claque en pleine gueule. D’où sortent ces sensations !?? Je l’observe basculer en arrière et rire en me dévisageant. Son sourire ne m’a jamais paru si lumineux. A-t-il seulement sourit honnêtement une seule fois, depuis que je le connais ?  Je sais que non, en le voyant étalé devant moi avec son doux rire qui s’échappe de sa poitrine.


“Si c’est une gifle que tu voulais, je peux toujours y remédier…”

Je me mets à rire de bon cœur. Depuis combien de temps n’ai-je pas éclaté ainsi de rire ? Je ne pourrais le dire. Toujours est-il que je me laisse porter par cette euphorie partagée. Ses yeux saphirs brillent d’un éclat hypnotisant et j’ai beaucoup de mal à m’en détourner. J’ai envie de m’y noyer, de faire un arrêt sur image et de ne jamais oublier cet instant. Il me dit que j’ai brisé ses barrières, mais lui en a fait tout autant avec les miennes. Sans même que je ne m’en rende compte, il les a franchis avec tant d’aisance. Il m’achève en murmurant qu’il tient à moi, redressé sur ses coudes. Je n’ai pas les mots non plus, mais je sais une chose. Je veux me l’approprier, qu’il soit rien qu’à moi.


C’est comme si je venais de découvrir une gemme précieuse, une gemme qui vaut tout l’or du monde et même bien plus. Elle n’a pas de prix. Il n’a pas de prix… J’attrape le revers de sa tunique et l’attire brusquement contre mes lèvres. Je savoure le contact, me délecte du frisson qui m’envahit tandis que ma main libre vient se perdre dans ses cheveux soyeux. Je me drogue de son parfum, qui porte encore les traces du lac Ephnil. C’est délicat et tellement enivrant que j’en perds le fil de mes pensées. J’essaie de lui faire parvenir tout ce que je ressens dans ce baiser, car les mots ne rendent pas justice à ce qu’il me fait vivre.


Lorsque l’air me manque, je m’écarte pour ensuite enfouir mon visage brûlant dans le creux de son cou. Là où son odeur est encore plus grisante. Je m’y sens bien et je redoute l’instant où il me faudra me redresser. Alors, je grave chaque seconde dans ma mémoire. Au cas où tout cela ne serait qu’un rêve, où tout s’effriterait telle une image qui se consume dans un brasier ardent.


“Ne m’abandonne pas…”

Les mots sont sortis avant même que je ne puisse comprendre leur signification. Ce n’était qu’un murmure, mais un murmure lourd de sens. Je sais que c’est une peur irrationnelle et que je n’ai pas le droit d’en attendre autant de lui. J’ai toujours été débrouillard et solitaire, pourquoi vouloir changer maintenant ? Pourtant, malgré mon obstination à croire que je suis un solitaire, je meurs d’envie de rester à ses côtés. Je ressemble à ces chatons qui ont été recueillis et qui se pelotonnent contre leur sauveur. Dans un passé récent, j’aurais trouvé mon attitude pathétique, faible et ridicule. Aujourd’hui, je ne demande qu’à pouvoir oublier le monde un bref instant dans ses bras. À puiser la force qui me manque dans son regard.


Croutard profite de cet instant pour me sauter sur l’épaule, m’arrachant un grognement plaintif lorsque son petit corps heurte ma blessure. Sur le moment, je le déteste et je lui en veux terriblement de venir s’immiscer ainsi entre nous. Je lui dégaine un regard noir, mais je suis décontenancé lorsque sa voix me parvient.


“Nous ne sommes pas seuls.”

C’est tout ce qu’il me dit, mais cela suffit à me rappeler à l’ordre. Je me tends comme un arc et les sens en alerte, je me concentre pour pouvoir percevoir notre entourage. Au début, je ne distingue que le bruissement doux de l’herbe, mais au bout de quelques longues secondes, des pas furtifs et calculés se détachent du silence. Mon cœur bat à tout rompre et je place ma main instinctivement là où se trouvait autrefois mon sabre. Merde… à défaut, je fouille dans les poches profondes de mon pantalon et sort mon vieux poignard.


"Quelqu'un approche…"

Chuchotais-je à Ash avant de me redresser lentement, aux aguets. Mes oreilles sont agitées, captant le moindre bruit, le moindre frôlement. Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais ce qui se rapproche ne m’annonce rien de bon. Son attitude furtive en dit long.
   
 

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Lun 22 Jan - 11:32
Ashton Crow
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Savourer cet instant, si court, pourtant... Ma vie entière semble avoir mené mes pas à cet individu que je serre contre moi. J'apprécie son rire et grave chacun de ses traits dans ma mémoire, un sourire amusé étirant ma bouche. Un léger grognement étouffé contre ses lèvres alors qu'il m'attire à lui, trouvant le goût de Seven grisant. Je clos les paupières alors que mes doigts raffermissent leur prise dans son dos, remontant une de mes mains sur sa nuque. C'est une sensation que je ne veux perdre pour aucune raison au monde.

Haletant bruyamment, je ricane légèrement alors que son souffle chaud vient lécher ma peau quand il glisse son visage dans mon cou. J'appuie légèrement ma mâchoire contre sa tête. Une main curieuse venant effleurer ses oreilles, mes doigts venant se faufiler entre celles-ci, ébouriffant légèrement sa chevelure blanche. À sa supplique, je l'étreins plus fermement en murmurant.

" Jamais. ⁣"

C'est plus que sérieux comme réponse, car je redoute surement que cette sensation disparaisse autant que Seven. C'est un souffle, un murmure franc, léger, une promesse que lui seul peut entendre. Je me garde bien de lui dire que j'ai cette peur qui me déchire les entrailles, bien plus forte encore que je ne l'aurais imaginé. Je me laisse retomber quand le rat vient sur son épaule, il semblerait que le jeune homme comprenne son langage, ça a quelque chose de fascinant. Encore une chose intéressante chez lui.

Ceci dit, mon visage se ferme quand il se redresse, les sens en alerte, son corps si détendu une poignée de seconde auparavant ressemblait à celui d'une proie qui ait cru entendre un prédateur. Il y a une mauvaise nouvelle, plutôt que de m'enquérir à haute voix de celle-ci, j'attends que le plus petit éclaire ma lanterne, ouvrant moi-même mes sens au monde qui nous entourent. Cet odieux monde qui referme ses crocs sur nous si on n'est pas suffisamment vigilants...

J'ai laissé de côté la possibilité que l'on envoie quelqu'un à mes trousses. Imbécile ! J'attrape vivement mon sac, sortant mes armes fétiches. Sorties de leurs fourreaux, les dagues, de bonne facture, luisent sous la lune, parfaitement aiguisées, il n'est nul doute possible quant à leur tranchant. Je me rapproche de mon comparse pour lui murmurer.

" Le combattant immortel, c'est moi, alors s'il te plait, laisse-moi m'en charger. De toute façon, il vient pour moi. ⁣"

Je fais jouer mes dagues dans mes mains et prenant celles-ci dans une certaine position, je me prépare à la confrontation, nous n'aurons pas le temps de fuir, je n'aurais pas non plus le temps de mettre Seven en sécurité. Je sais aussi pertinemment qu'il ne m'aurait pas laissé seul. Je peux être aussi ferme que je le souhaite, il va surement m'ignorer totalement et en faire qu'à sa tête. Je scrute les ombres, cherche du mieux que je peux, je n'ai peut-être pas des sens surhumains pourtant, je sais que si je me concentre, mon entraînement au combat pourra me permettre de distinguer mon ennemi dans les ombres.

J'étends grand mes ailes. Celles-ci prenant une place monstrueuse, assez pour cacher mon comparse à la vue de l'individu. C'était d'ailleurs ce que je souhaitais faire dès le début. Je déplace mes appuis en plissant les yeux, j'ai cru voir quelque chose en face de moi. Une branche qui craque me fait tourner la tête.

Une fraction de second, c'est ce que j'ai eu pour pivoter mon corps, il fond sur moi comme un faucon. Je grogne en parant l'arme de mon ennemi à l'aide de mes deux dagues. Laissant échapper un cri alors que mes ailes amortissent le choc contre le sol. Il a émergé si soudainement, je n'ai pas eu le temps de mieux réagir. Néanmoins, je ne suis pas un combattant facile. J'arque un sourcil, nullement effrayé.

" Tu es bien plus mou que je ne le croyais, Renard. "

Il crache ses mots et je fais glisser sa lame qui vient se ficher dans mon épaule, lui arrachant un sourire victorieux. Je plante sans ménagement ma propre dague dans son épaule, faisant agilement pivoter mon corps grâce au mouvement qu'il fait pour appuyer sur sa plaie. Je fais battre violemment mes ailes pour le forcer à reculer, lui décrochant un coup de pied dans la mâchoire. Je roule pour me relever en grimaçant. Je cherche Seven du regard sans le trouver, je n'ai pas le temps de me relâcher. Sa mission est de me tuer. J'esquive les coups d'épée maladroits, tenant mes dagues à m'en blanchir les phalanges. Je respire bruyamment, la blessure à l'épée bien que bénigne handicape mes mouvements, j'ai tendance à parer avec ma dague de gauche, laissant mon bras droit pendre dans l'espoir de récupérer suffisamment.

Je recule à chaque fois qu'il avance, pivote quand il met un coup sur le côté. Je danse avec mon adversaire, littéralement. Cela aurait pu durer des heures s'il ne m'avait pas fait une feinte, sa jambe frappant à l'arrière de mes genoux, je tombe à la renverse. En grognant, je roule sur le sol, esquivant le coup qui suit ma chute. Je ne vais pas tenir bien longtemps à ce rythme. Il est infatigable ce type ou quoi ? Je me redresse et pare une nouvelle fois sa lame, je réfléchis à la solution la plus simple pour me sortir de là. J'espère juste que Seven est parti s'abriter, un espoir qui m'empêche de renoncer. Là où dans une autre vie, j'aurais abandonné mon corps sans cérémonie, cette fois, je veux me battre.

Je me relève en bondissant en arrière alors qu'il me toise. Comme si j'étais qu'un moins que rien. Un animal à chasser qui aurait perdu sa valeur, car il ne se bat pas assez bien pour donner du spectacle à son goût. Est-il seul ? C'est une question qui vient me frapper. Qui m'obsède. J'en doute bizarrement. Ils savent que je ne suis pas une biche égarée... Sauf s'ils ont sous-estimé mon envie de vivre ? Je secoue la tête, je dois profiter qu'il fanfaronne et donner l'assaut cette fois. Je bondis en avant et commence à l'assaillir vivement, ignorant la plaie béante dans mon épaule, galvanisé par ce besoin de m'assurer que mon compagnon va bien. Les chocs répétés des dagues se faisant de plus en plus forts alors que l'expression de mon adversaire change.

   
 

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Lun 22 Jan - 11:33
Seven d'Aaravos
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J’hallucine, combattant immortel… Et c’est une raison de le laisser se battre seul ? Laisse-moi rire ! Il se fourre un doigt dans l’œil s’il pense que je vais gentiment rester en arrière comme un bon toutou bien sage. Je n’ai pas le temps de réagir ni de l’avertir qu’il me bouscule d’un coup d’aile pour encaisser les coups de l’assaillant. Je grogne de frustration de me faire écarter comme un vulgaire gamin. Je veux bien que j’ai l’air petit et jeune, ou encore qu’il tienne à moi, mais je sais me défendre !  Je ravale ma rengaine lorsque les coups pleuvent sans cesse sur lui et la rage fait bouillir mon sang dans mes veines. Je ne peux tout simplement pas rester spectateur de ce conflit. L’homme qui vient de bondir sur Ash doit bien faire une tête de plus que moi. Sa corpulence, deux fois la mienne… Son coutelas, dix fois la taille de mon pauvre couteau. Autant dire que cet homme baraqué semble avoir tous les avantages de son côté. Je suis grisé par une vague d’adrénaline quand je comprends finalement, par les mots prononcés par ce rustre, qu’ils se connaissent. Sa voix caverneuse et rauque me fait gronder de colère. J’ai envie de me mêler à la bataille qui fait rage sous mes yeux, mais un éclair vif sur ma gauche me fait faire volte face.


Une flèche, à la pointe argentée, vient se figer dans un arbre derrière moi, effleurant presque ma joue. Si je n’avais pas fait un pas en arrière, aucun doute, je me serais fait abattre comme un lièvre. Donc, ils sont deux… Je perçois du coin de l’œil Ash recevoir un sale coup dans l’épaule. J’ai envie de hurler tellement je suis tiraillé de l’intérieur. Je grince des dents en décidant de m’occuper de l’archer avant toute chose. Je n’ai tout simplement pas le choix ! Je te jure Ash, si tu te prends ne serait-ce qu’un seul autre coup, je me chargerai de te faire la peau moi-même ! Je n’accepterai pas de te perdre, alors que je viens seulement de te trouver. Hors de question !


Je me rue comme un forcené sur la silhouette cachée sous le feuillage dense des arbres. S’il croit que je ne peux pas le voir, il se trompe amèrement. La lune éclaire mon chemin comme si j’étais en plein jour. Je peux voir chacun de ses gestes ainsi que son expression malsaine qui étire ses traits. Alors qu’il bande son arc pour décocher une nouvelle flèche en direction d’Ash, chose insensée, car il a bien dû me voir arriver, j'abats mon couteau sur lui. C’est son arc, recouvert d’une fine couche de métal, qui prend le tranchant de ma lame émoussée par le temps. Cela résulte en un son crissant et désagréable qui me fait serrer les dents. J’avais espéré au moins toucher la corde pour le désarmer, mais je n’ai fait qu’égratigner sa parure. Mon couteau ne me sert à rien ! Pourquoi ai-je été si con de ne pas me retrouver une arme convenable depuis le temps ! Pathétique !


Les bruits qui me parviennent dans mon dos m’inquiètent plus que tout, il faut absolument que j’arrive à me débarrasser de cet archer pour pouvoir rejoindre Ash !  Si seulement j’avais assez de temps pour me concentrer, j’aurais pu tenter de prendre ma forme primitive, mais vu comme c’est parti, je risque de me foirer dangereusement. Alors, je me débats comme je peux en assénant des coups dans tous les sens sur mon adversaire. Je peux l’entendre râler tandis qu’il pare aisément la pluie qui déferle sur lui. Bordel, mais d’où il sort !


Mon épaule blessée ne m’aide en rien dans cette lutte acharnée, elle me brûle et je parie que le pansement a fini par se fissurer. Pourtant, je ne relâche en rien mes efforts pour le distraire de sa cible initiale. Je n’arrive à rien ! Cela me rend malade et frénétique. Je me ramasse des coups, autant qu’il en esquive. Mon visage pisse le sang alors que lui ricane ouvertement. C’est à me rendre complètement fou de rage.


Tant pis, je n’ai pas le choix, il faut que j’use de ma magie pour changer la balance. Si je ne le fais pas, on risque d’y laisser notre peau. Je parviens à lui asséner un coup de poing sur le coin de sa mâchoire, lui arrachant un grognement étouffé. C’est cet instant que je choisis pour activer mon pouvoir. Tandis qu’il se frotte le visage d’un revers de main pour enlever le filet de bave sanglante, je puise dans les tréfonds de mon âme, appelant la magie qui dort sous ma peau. Elle crépite dans mes veines et se propage tel un feu douloureux dans chaque recoin de mon corps. L’archer se redresse de toute sa hauteur et me dévisage avec une envie meurtrière. Je n’ai que quelques secondes devant moi pour terminer ma transformation, si j’échoue, je signe notre arrêt de mort. Je ne peux pas échouer !


Avec la volonté du désespoir, je hurle de douleur quand mes os se mettent à se mouvoir, que ma peau se déchire pour laisser place à une fourrure épaisse et luisante. Mes mains se contorsionnent alors qu’elles prennent la forme de grosses pattes aux griffes redoutables. Mon poignard tombe au sol dans un bruit sourd. La souffrance semble interminable, mais je sais qu’elle va se terminer d’ici peu. Alors que mon visage s’étire et que des crocs acérés sortent de mes babines, je bondis en avant pour atterrir sur cet homme si confiant en ses capacités à me dominer, envoyant valser son arc d’un coup de patte violent. Ma force est comme décuplée dans cette forme animale. Il ne paraissait pas prêt à se retrouver face à une panthère des neiges de taille adulte et encore moins à perdre son arc de la sorte.


Il ouvre la bouche pour crier quelque chose à son compagnon, mais ma lourde patte vient s’écraser contre ses lèvres, lacérant une partie de sa joue sans la moindre hésitation. Son cri s’étouffe et son regard, plongé dans le mien, traduit toute la haine et la peur qui l’habite. Je n’ai aucune pitié pour lui, aucun remord quand mes crocs viennent s’enfoncer dans sa gorge pour lui ôter la vie. Le goût ferreux de sang coule sur ma langue et me donne une bouffée exaltante. Je ne le relâche que quand son dernier souffle meurt, sifflant, contre le creux de ma patte.


Un de moins… Plus qu’un. Tiens bon, Ash…
   
 

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Lun 22 Jan - 11:38
Ashton Crow
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Maintenant que je mène la danse, ce n'est plus la même chose. Un véritable démon, c'est ce qui siffle entre ses dents. Je pars dans un rire, un gloussement malsain qui n'annonce rien de bon. Le déclic mental pour retomber dans ses travers. Je me permets même, glissé dans les draps dans la folie, de fanfaronner, lui criant dessus avec une voix qui semble pourtant teintée de joie. Si je devais rejoindre Seven au plus vite, tout mon être me scandait, lui, de m'amuser avec cette charogne qui ose s'en prendre à moi. Ce n'est qu'un vulgaire humain, quel plaisir de le réduire en charpie, oui, en charpie, car c'est tout ce qui restera à la fin. Moi ? Perdre ? Laisse-moi rire, ah ha !

" Bah alors ! tu connais mon nom d'Éternel ? Alors ?! Pourquoi tu ne sais pas que j'aime ça ? Bats-toi ! Essaie de me frapper, vas-y, fais-moi mal ! Montre-moi ce que tu as dans le ventre, déchet. ⁣"

Première ouverture. Mes phrases chaotiques, dont chaque mot a été fanfaronné et couplé à un claquement métallique, ont troublé l'ennemi. La première entaille effleure à peine la peau, déchirant au moins son vêtement. Sous cette enivrante adrénaline, je suis ce fou décrit dans les rares récits transmis de bouches à oreilles. Exagérant de plus en plus les faits, un monstre assoiffé d'hémoglobine, son odeur ferreuse exaltant avec grand plaisir mes sens.

" J'ai eu l'air d'une proie facile ? D'une biche effarée ? Tu n'as pas l'impression d'avoir un peu trop pris la confiance mon vieux ? Être aussi lent et venir me dire que je suis mou ! C'est une blague pour laquelle ton commanditaire t'aurait fait prendre ta retraite ! Sombre imbécile !⁣ "

" Tais-toi ! Ferme-la ! Sale goupil sadique, ce n'est pas un jeu, bats-toi et ferme bien ta gueule ou je le ferais moi-même. "

Un hoquet de rire, l'adrénaline du combat, c'est comme une drogue. Dans mon euphorie, je prends un coup dans le nez, une gerbe de liquide vital venant lécher mes lèvres presque immédiatement. Je grogne et d'une impulsion violente enfonce une de mes dagues dans sa cuisse. Je lui souris et tourne la lame sans ménagement, le bruit immonde des chairs qui se déchirent accompagné d'un hurlement de douleur… Quelle douce mélodie ! Il en profite pour enfoncer son poing dans mon estomac, me pliant en deux. Je souris malgré mon souffle coupé, je n'ai pas lâché ma lame, son action a pour résultat de m'appuyer plus sur sa jambe jusqu'à finalement lui faire perdre l'équilibre. Sa tentative de me décapiter avant que cela n'arrive, échouant aussi lamentablement qu'il se ramasse au sol. Son arme s'échappe de sa main, se fichant dans la terre meuble.

" Je m'appelle Ashton, pas Renard, pas goupil.⁣ "

Je souris satisfait en tirant ma lame vers moi après avoir posé un genou à terre, celle-ci tranchant vivement le quadriceps de mon adversaire, je l'ôte de ses chairs avec un rictus malsain puis un rire. J'attrape un de ses poignets et en y mettant toute ma force, je plante la dague dans sa main. Un nouveau beuglement, une nouvelle fois, je me bidonne, comme si ses gémissements étaient une distraction drôle au point d'en mourir à force de se marrer.

Léchant mes lèvres, le traitement que subit son autre main est similaire. Je ramasse sa lame avec un petit rire. À califourchon sur mon ennemi, je soulève la lame sous les rayons de la lune.

" Bah alooooooooooors.... On n'arrive pas à grand-chose hein. Allez… Salue le souverain des âmes damnées pour moi. Dans une autre vie, tu ne me sous-estimeras pas, connard.⁣ "

Mon geste se termine, s'abattant violemment sur sa gorge. Si juste avant, il respirait bruyamment en se plaignant de la douleur, maintenant, son souffle épouvanté, inégal, se change en gargouillis immonde alors que son propre liquide vital vient obstruer sa gorge. Bientôt, il n'y a plus que ma propre respiration, hoquetant, coupé par mes rires déments. Enfouissant mon visage dans mes mains tâchées de sang, je ne peux empêcher les soubresauts d'exaltation profonde que je ressens.

Mon corps, jusque-là solide grâce à l'adrénaline, se met à trembler. Je me laisse tomber sur le côté, toujours en crise de folie. Basculant sur le dos, je regarde les étoiles en essayant de me calmer. Je suis complètement dingue… Prendre autant de plaisir à tuer cette personne… Et encore… Je ne me suis pas amusé à faire des choses que l'on ne saurait décrire tant, c'est immonde. Les tremblements ne semblent pas prêts de s'arrêter, je clos les paupières, une main sur ma bouche essayant de contenir cette euphorie déplacée, une tentative vaine, mais une tentative quand même. Si je veux m'enquérir de l'état de Seven, je dois me remettre de ça déjà. La paranoïa vient briser ce que je peux croire, me demandant s'il ne m'a pas abandonné ou pire s'il ne va pas revenir pour m'achever en s'étant rangé du côté de l'ennemi… Cela m'est arrivé un nombre incalculable de fois, pourquoi cet humain serait-il différent.

Mon esprit me rappelle à l'ordre si fort que malgré mes quintes de rire et les tremblements extatiques de mon corps, des larmes perlent, roulant, brûlante sur mes tempes. Pourquoi lui avoir laissé une chance à lui ? Plutôt qu'un autre ? Parce qu'il me rappelle Loup ? Faiblesse. J'ai écrasé des humains qui lui ressemblaient bien plus auparavant. Alors pourquoi.

" Parce qu'il m'a... hin hin… Captivé... ⁣ "

Entre deux hoquets d'allégresse mal placée, ces mots s'échappent en un souffle de mes lèvres, et ce, bien malgré moi. Je n'arrive plus à penser dans ma tête, même mon esprit semble destiné à se taper la meilleure barre de sa vie. Est-ce parce que j'ai tué pour la première fois dans ce corps ?
   
 

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Lun 22 Jan - 11:41
Seven d'Aaravos
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J’entends des rires et des échos glaçants. Délaissant l’homme mort, je me hâte de  rejoindre Ash, le cœur douloureusement serré dans ma cage thoracique. Pourtant, malgré le sentiment brutal d’angoisse qu’il lui soit arrivé malheur, je fais attention à ne pas faire un bruit en m’approchant de la clairière dans laquelle je l’ai laissé seul face à son adversaire. J’ai peur de découvrir son cadavre, de le trouver en pièce. La distance est courte, mais elle me semble interminable. D’un pas feutré, je me faufile entre les buissons et arrive enfin là où j’aurais dû rester. La scène devant moi m’arrête net. Ash est au bord du délire, assis sur le corps inerte de l’homme. Son rire est caverneux et m’envoie une série de frissons dans mon pelage. Je prends soin de m’assurer qu’il n’y a pas un troisième homme embusqué en humant l’air, mon museau frémissant levé et les oreilles dressées. Je ne perçois que l’odeur âcre du sang ainsi que le battement de cœur effréné de Croutard qui a dû partir se planquer quelque part. Je pourrais prendre la peine de le débusquer et de le rassurer, mais maintenant que j’ai la certitude que nous sommes seuls, je n’ai qu’Ash en tête.


Lentement, je franchis la distance qui nous sépare et m’assieds juste en face de lui. Je l’observe silencieusement alors que lui est pris d’une euphorie incontrôlable. Il ne me voit même pas, tellement il délire. Comme le danger est écarté, je lui laisse le temps de redescendre et me met à lécher le sang de mes pattes, frottant de temps en temps mon museau. Je pourrais être choqué de son état second, de ce qu’il a fait à sa victime, mais non. Autant, je défends les démunis, autant je ne ressens aucune pitié pour ceux qui méritent ce qui leur arrivent. Ma vision de la mort a bien changé depuis que la panthère habite mon âme. Je ne suis plus le gamin apeuré qui tombe à genoux devant son village en feu. Ça m’a fait un choc la première fois que j’ai apprécié le goût du sang dans ma bouche. J’étais extatique dans tous les sens du terme. J’en voulais encore et en même temps, je me répugnais. Mais l’instinct du prédateur est plus fort, il vibre sous ma peau comme un rappel constant. Alors, j'ai appris à aimer la chasse, à savourer cette adrénaline si particulière lorsque mes crocs déchirent les chairs de mes ennemis. C’est une sensation dans laquelle je pourrais me perdre si je n’y prenais garde.  L’Esprit m’a accordé deux breloques dorées qui pendent à mes oreilles, comme pour me signifier qu’il me reste encore une part d’humanité lorsque je change de peau.


J’observe donc silencieusement Ash de mon regard bleu acier, attendant patiemment qu’il me remarque. Je ne suis pas pressé de reprendre ma forme humaine, j’appréhende un peu la douleur qui en suivra pour être tout à fait honnête. Ensuite, rien ne dit qu’une deuxième vague d’assaillant ne va pas nous tomber dessus. Je ne pense pas, mais ce serait dommage d’être incapable de leur faire face.


Un léger vrombissement résonne dans le creux de ma gorge alors que je m’applique à nettoyer chaque centimètre entre mes griffes, jetant occasionnellement un œil sur Ash pour m’assurer de son état. Le sang qui marque son visage et ses vêtements lui donne quelque chose de sauvagement séduisant. Est-ce mon côté primitif qui parle ? Probablement, mais il fait partie de moi, donc peu importe les raisons qui me poussent à trouver ces traces rouges attrayantes.


Lorsque j’ai terminé de vérifier l’état de mes coussinets, je me rappelle que j’ai encore un bandage à moitié collé dans mon pelage. Je me contorsionne et l’arrache d’un coup de dent bien placé. Je grimace lorsque la saveur bien désagréable du Muyaph entre en contact avec ma langue. Je tire une tronche pas possible en me léchant les babines dans tous les sens pour me débarrasser de cette horreur. Ouais… Carnivore jusqu’au bout… Les plantes… non merci. Je reprends contenance et fait mine de trouver encore de quoi astiquer entre mes grosses pattes blanches. Je sais, je suis un peu ridicule par moment…
   
 

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Lun 22 Jan - 11:43
Ashton Crow
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Il me faut pourtant quitter cet état d'euphorie, les frémissements de mon corps se faisant de plus en plus douloureux. L'adrénaline qui serpentait sous ma peau pour m'enivrer, s'enfuit, rapidement, trop rapide, je me calme. Inspirant de façon hachée l'air qui me permet de garder cette enveloppe corporelle en vie. Putain, quel mal de chien. Mon épaule, on dirait qu'un rouleau compresseur est passé dessus… J'ai surement élargi la plaie dans mes mouvements fous.

Je me redresse en hoquetant de douleur. Putain, si Lièvre voyait ça... Elle me tuerait elle-même ! J'écrase ma main contre mon visage, je me sens comme le roi des cons. ' T'es encore devenu dingue Renard, sexy, mais dingue. '

" Tu as raison, Loup. Je suis dingue. ⁣"

Je repartais dans un léger rire de satisfaction. Avant que ça ne se transforme en des sanglots incontrôlés, je resserre mes bras autour de moi, comme si j'étais seul au monde. C'est ce que je ressens dans mon trip finalement. Loup, qui n'était qu'une image joviale, accroupi devant moi, s'évanouit. Je me retourne vivement et arrache les lames des mains de ce type avant de les jeter violemment sur les ombres de cet Éternel, image rémanente de mon esprit. Les lames ne rencontrant aucun corps dans lequel se ficher.

Je halète et essaie une nouvelle fois de faire taire cette image distordue de Loup. Je me lève dans un même temps, mes yeux fous essayant de défier cette silhouette vague du regard. Je donnais un nouveau coup en m'arrêtant net sur un bruit totalement anormal. Je baissais les yeux sur une panthère des neiges. Une… Panthère des neiges… Qu'est-ce que… Je regardais autour de moi l'air hagard, j'avais manqué de transpercer la pauvre bête. Aussi, je reculais d'un pas en me laissant choir lourdement sur mon postérieur.

" Où… Où suis-je ? Où est Loup ? Qui suis-je ? ⁣"

Je me posais ces questions à moi-même, bien que ma voix les prononce en balbutiant les mots de façon coupée. Je replaçais petit à petit mes souvenirs, les derniers évènements, comme si cette bête qui a fait un bruit clairement inhabituel m'avait ramené à moi. Seven. Seven ! Je regarde autour de moi et finalement repose mes prunelles sur la bestiole. Je lui attrape la tête en l'enserrant dans mes mains. J'avais avancé à genoux, en ignorant mon corps endoloris.

" Seven ?! ⁣"

C'était instinctif, je me suis souvenu de ses oreilles duveteuses, suivant que mon esprit, je suis presque sûr que c'est lui, mais j'ai un doute. Ah mais… Attends… Si c'est lui. Je le relâche en constatant que mes gants noirs imbibés d'hémoglobine ont tâché sa fourrure. Une expression de dégoût m'envahit alors que ma voix déraille, les mots difficiles à laisser s'échapper de ma bouche se fraient un chemin, je dois savoir.

" Depuis… Depuis… Ehm… Combien de temps, tu es là ? ⁣"

Je grimace en ramenant mon bras contre moi, lâchant mes armes dégoulinantes de sang sur le sol. Si j'ai répandu le liquide vital de cet homme et que cet éclat de folie m'a fait un bien fou. J'ai soudain une peur qui me déchire les entrailles violemment. Me faisant de nouveau trembler de tout mon corps, s'ajoutant à la douleur dans mon bras, je retire ma veste, puis mon T-shirt en grognant. Je constate alors que je n'ai pas été si doué que ça pour éviter les coups. De multiples entailles plus ou moins profondes tracent de nouveaux sillons à côté des autres effacés par le temps qui a passé. Saphiel s'était déjà battu au point d'être blessé, pourtant il ne semblait pas avoir expérimenté une fois la joie de tuer quelqu'un qui ait voulu atteindre à sa vie.

Refusant de croiser le regard de la panthère, je soupire et observe mes ailes, arrachant sans ménagement les plumes brisées là où une petite tache rouge, c'est formée. Je n'ai vraiment pas fait attention en me battant contre ce type. Au moins j'avais quelque chose sur quoi me concentrer pour ignorer le regard surement choqué de cette bête. Je suis un monstre, un fou, un malade mental… De quoi va-t-il me gratifier ? Va-t-il m'abandonner à cause de cela ? Je fixe mes gants tachés de sang, les larmes roulant dans ma sclère sans que je les autorise à s'échapper de mes paupières. J'ai l'impression d'avoir été mis à nu, pris en flagrant délit alors que je fais quelque chose d'inconcevable.
   
 

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Lun 22 Jan - 11:45
Seven d'Aaravos
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Lorsqu’il commence à parler de Loup, mon museau se fronce et je commence à m’inquiéter un peu que son délire perdure depuis tant de temps. J’arrête de feindre mon intérêt pour ma toilette quand je l’entends émettre des sanglots incontrôlés. Je n’ose pas m’approcher plus, car il ne me voit toujours pas et mon instinct me dicte de garder une distance de sécurité. Que pourrai-je faire de toute façon dans cette forme ? Je me sens impuissant, mais je ne peux que rester spectateur de sa déchéance émotionnelle. Je fronce le museau lorsqu’il arrache d’un coup sec ses lames du cadavre encore chaud dans un accès de folie accrue. Il se rue brusquement sur moi avec un éclat de délire dangereux dans ses yeux vitreux. J’ai juste le temps d'esquiver la première rafale de coups frénétiques qu’il dirige sur moi. Gauche, droite, il n’y aucune grâce dans ses gestes désordonnés, c’est comme s’il était dans une transe inexprimable qui le ravageait de l’intérieur. Il s’arrête un bref instant, titubant sur ses jambes flageolantes, avant de reprendre sa danse biscornue avec ses lames aux tranchants acérés. Il tient à peine debout, pourtant il semble faire de moi son seul objectif, son regard sombre ne me laisse aucun doute quant à ses intentions.  Il a beau être dans un état second, il ne retient aucun coup et je commence à me demander quoi faire pour interrompre ce déchaînement de démence. Il est hors de question que je le laisse sombrer seul dans sa folie. Alors, je fais la seule chose qui me vient à l’esprit pour l’atteindre, pour lui faire comprendre que je ne suis pas celui qu’il pense voir en face de lui. Je gronde de toutes mes forces. Le son fait vibrer l’air autour de nous et Ash immobilise son arme à quelques centimètres de mon poitrail. Il bascule en arrière, chutant lourdement sur son cul. Le balbutiement qui sort de sa bouche est à peine audible, mais je le distingue parfaitement.


“Il n’y a que nous… Ash.”

Prononçais-je d’une voix profonde et rauque. Voix qui ne ressemble en rien à celle que j’ai en tant qu’humain, du reste. C’est donc normal qu’il mette un certain temps à comprendre, son regard confus se détourne de moi un instant avant de replonger dans le bleu de mes yeux braqués sur lui. Il prononce mon nom avec incertitude alors qu’il se rapproche de moi, rampant à genoux dans la terre ensanglantée. Je viens à sa rencontre, tentant de supporter son corps engourdi. Ses mains se perdent dans mon pelage, maculant ma fourrure d’une poisse sanglante. Mon instinct de félin hurle de mécontentement, que j’ai passé suffisamment de temps à tout enlever, mais comme il n’a pas encore le dessus sur mon âme, je le fais taire. Ce n’est pas le moment de se soucier de quelques taches ! Il se rétracte avec un air de dégoût sur le visage et se met à bégayer.


“Une vingtaine de minutes… Tout au plus.”

Lui répondis-je en essayant de garder mon calme apparent, mais au fond de moi, je n’ai qu’une envie, savoir dans quel état il est réellement. Ash laisse enfin tomber ses armes, tremblant de la tête aux pieds. Il se débarrasse ensuite de son haut sous mon regard mécontent. Une série d’entailles dégoulinent d’un liquide ferreux sur son torse. Même ses ailes n’ont pas été épargnées dans cette boucherie. Je gronde avec insatisfaction avant de me souvenir qu’il a jeté sa trousse quelque part et qu’elle contient du Muyaph. Vu l’odeur marquante de la plante, je ne mets pas longtemps à récupérer la sacoche et la dépose à ses pieds. Nous n’avons plus d’alcool et il nous reste le fond de deux gourdes d’eau pour rincer toutes ses plaies… Cela ne sera pas suffisant. J’ai comme l’impression, ironique, que nous allons devoir retourner au lac…. Ha ha ha… Je ne sais même pas si je trouve cela drôle vu la situation.


Je grogne de frustration en me battant avec le rabat de la sacoche avec mon museau, pas pratique du tout pour ce genre de tâches qui demande une dextérité humaine. Mais encore une fois, je ne peux pas me permettre de me changer, pas tant que je ne serais pas sûr qu’il aille bien. Grimaçant de dégoût, je sors les feuilles de Muyaph et les dépose délicatement sur le dessus du sac en cuir pour ne pas qu’elles ne se salissent. Je perçois soudain la détresse dans le regard d’Ash et abandonne ce que j’étais en train de faire pour venir frotter mes joues contre son visage au bord des larmes.


“Ça va aller, Ash. T’as juste un peu amoché ton corps de beau gosse, mais t’en fais pas. On peut très bien arranger tout ça. Au pire, on se rendra une nouvelle fois au lac.”

Je réalise que je ronronne contre sa peau en terminant ma phrase. Ce corps de panthère est bien plus honnête que je ne le serais jamais. Je ris doucement avant de reprendre la parole.


“Es-tu en état d’appliquer les premiers soins ? Je suis un peu empoté… dans cette forme… ”
   
 

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